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Extrait II - Dana -

 Dana

 

Lorsque les dernières lueurs du soleil couchant n’enluminaient plus le ciel, une obscurité complice accueillait les visiteurs. Des torchères et des lampes suspendues signalaient l’entrée des maisons de plaisir. Arrachées à leurs tribus guerrières, quelques fières Gauloises avaient échoué dans ces ruelles. Sous le pâle éclairage d’un porche crasseux, l’une d’elles croisa mon regard. La distance qui nous séparait me laissait entrevoir une femme d’une étrange beauté. Je m’approchai de quelques pas.

Sous son vêtement transparent, la blancheur diaphane de sa peau évoquait les fantômes d’anciens combats guerriers, les spectres ensevelis sous de glorieux champs de bataille. Cette grâce morbide suscitait une insolite attirance. La femme esclave avait gardé une digne apparence, elle opposait un charme rebelle à sa soumission. D’un pas hésitant, j’avançai vers elle, un sourire mélancolique encourageait mon approche et j’osai un pas de plus. Je découvrais les traits délicats d’un être rare, la servitude n’en avait pas corrompu la noblesse. Son regard conservait le reflet des rivières limpides de son pays de brume. Le vert pâle de ses yeux s’harmonisait avec le blanc nacré de son portrait. Mon esprit se noyait dans cette lumière où divaguait, autour, la composition de son visage. […]

[…] Sa présence m’intimidait, je tentais de cacher mon émotion, mais un air hébété trahissait mes pensées. À une portée de caresse, je contemplais avec tendresse ce doux visage illuminé. L’haleine tiède qui s’échappait de sa bouche entrouverte me laissait augurer mille plaisirs.[…]

[…] Je ne sais par quel miracle, son corps à portée de mes mains s’offrait à moi, sans réserve. J’allais prendre possession de ces trésors sans qu’aucune règle jalouse ne s’y oppose. Je sentais céder, sous la force de ma passion, les digues qui retenaient mes élans interdits.

Je prenais le temps de la contempler. Sur sa gorge blanche précieuse, des veinules bleutées se dessinaient. Mon observation minutieuse semblait gentiment l’amuser. Sous l’arc de l’épaule, la moiteur de son aisselle me laissait deviner un nid chaud et discret. Cet intime refuge exhalait des senteurs de citron et de sel. D’étranges perspectives bouleversaient mes pensées, un sentiment confus de liberté coupable me tourmentait. Je luttais encore pour refréner l’irrésistible envie de déposer sur sa bouche un baiser brûlant. […]

 

 

Lien vers le livre

 

 

 

 

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