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Les chants de Maldoror

Les chants de Maldoror

- Lautréamont 1846 - 1870

 

 

 

Né à Montevideo de parents français, Isidore Ducasse, après une enfance en Uruguay, vient en France en 1859 pour suivre des études secondaires. Installé à Paris en 1867, il prend le pseudonyme de Lautréamont qu’il emprunte vraisemblablement au héros du roman historique d’Eugène Sue : Latréaumont. Il publie en 1868 « les Chants de Maldoror» puis en 1870 «Poésies I» et «Poésies II» avant d'être emporté à 24 ans par la maladie.

 

L’œuvre de l’auteur a été sauvée grâce au dépôt légal qui consigne les livres édités en France depuis 1537. En 1917 André breton découvre par hasard un exemplaire à la bibliothèque nationale, il en rédigea lui-même une copie ; l’onirisme sombre de Lautréamont a inspiré le mouvement surréaliste dont il était le chef de file, il devient, en peu de temps, l'emblème de toute une avant-garde.

 

Les chants de Maldoror, déconcertant et transgressif occupe dans l'histoire de la littérature, une place très particulière.  Pour échapper à la censure, l'ouvrage est publié en Belgique, en 1869, à compte d’auteur par Isidore Ducasse sous le pseudonyme de ‘Comte de Lautréamont’. L'éditeur ne le proposa jamais à la vente.

Le recueil commence par un avant-propos étonnant qui n’incite guère le lecteur à tourner la page :

« Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu’il n’apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d’esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l’eau le sucre. Il n’est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns, seuls, savoureront ce fruit amer sans danger ».

Tout est dit.

 

Cette fresque poétique, écrite en prose est composée de six parties ou chants. Chaque strophe est un poème indépendant.

Maldoror, personnage démoniaque doué de pouvoirs surnaturels, hante tout le récit. L’auteur, pour dresser le portrait de son héros s’inspira du Faust de Goethe, du Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz. Il gardera de ces personnages l'image antichristique du héros satanique. Ce n’est sans doute pas par hasard que Ducasse a baptisé son héros ainsi. Le mal et l’horreur transparaissent déjà dans son patronyme à peine prononcé.

Le récit hallucinatoire s'imprègne d'une morbidité et d’une violence quasi pathologique et jusqu’alors inégalée. L’auteur s’aventure dans le monde de l’inconcevable, de l’interdit, son héros funeste, est le mal absolu. Putride et magnifique, l'œuvre révulsa les bien-pensants de l'époque. Un livre énigmatique et fascinant, d’une beauté maladive et convulsive, dont la démesure donne le vertige, jusqu’à la nausée...

 

 

Georges IOANNITIS

 

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