Voyages

Voyages

Mon cœur désabusé est pétri de souffrance…
Brisant la lourde entrave qui rompt leur élan,
Je verrai s’envoler mes rêves en partance
Une main à la barre, et toujours droit devant.

Dans un éther d’azur navigue ma pensée
Emportant avec elle une nouvelle vie,
Où la terre avec l’homme, enfin réconciliée,
À l’autre bout du monde irait en harmonie.

J’appareillerai seul, par un sombre matin,
Sur un voilier taillé de bois et de courage,
Le sillon de l’écume traçant mon chemin,
Guidera mon destin sur un vierge rivage.

Affrontant les fureurs des rageurs océans,
Hardi, j’aborderai des côtes incertaines.
Traversant les eaux tièdes des fleuves fumants,
Mes peurs s’étioleront dans des brumes lointaines.

Évitant le naufrage et les fonds menaçants,
Mon étrave fendra la vague sans répit.

Les amarres larguées sur des pontons branlants,
Je trouverai là-bas ce qui me manque ici.

Délaissant sans remords ces ciels noirs sans étoiles
Et ces soleils mourant en pâles incendies,
Le vent de l’aventure guidera mes voiles
Vers les radieux climats de contrées éblouies.

Imprégné de lumière, et enivré de joie,
Dans les derniers éclats qui précèdent les nuits,
Je noierai mes douleurs, où le soleil se noie,
Dans l’immense beauté d’horizons infinis.

Je connaîtrai alors toutes les sensations
Qui ornent de mystères les lieux inconnus.
Je rêverai debout, tout tremblant d’émotions,
Transfigurant le temps en plaisirs continus.

Et je m’étourdirai de nouveaux paysages
Sentant dans l’air brûlant des parfums exaltés,
Découvrant, enchanté, mille nouveaux visages,
Laissant derrière moi tous mes espoirs brisés.

Je me soulagerai de défuntes passions
Suspendues par les liens d’un amour frelaté,
Des bonheurs de vitrine et fallacieux frissons
Qui offrent à chacun l’impression d’être aimé.

Belles, au teint de cuivre, aux arômes de fruit,
J’oublierai, dans vos bras mon plus âpre regret.
Chaque étreinte éloignant, celles qui m’ont trahi
…Et je serai enfin délivré du passé.

Georges Ioannitis

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